« La NouvelleCalédonie est typiquement un territoire qui me fascine. En tant que professeur de géographie, je
2023-03-18T07:00:00.0000000Z
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Les Nouvelles Caledoniennes

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INTERVIEW
Écrivain prolifique, Michel Bussi est l’auteur de dixhuit romans, sans compter une série dédiée à la jeunesse et autres contes pour enfants. Connu pour ses intrigues atypiques, ce romancier à la créativité hors norme publie un nouvel ouvrage le 2 mars : Trois vies par semaine. L’occasion de revenir sur sa formidable ascension littéraire. Quand avez-vous commencé à écrire ? J’ai toujours écrit depuis mon adolescence. J’ai cumulé beaucoup d’idées de romans mais aussi des histoires que je concevais dès le départ comme des séries. Mais comme j’étais enseignant, j’ai mis du temps à trouver des éditeurs prêts à me publier. Mon premier livre est paru en 2006 chez un éditeur régional. En tant que géographe de formation, vous devez sélectionner les lieux de vos histoires avec soin. Comment les choisissez-vous ? Assez souvent, quand j’ai une histoire en tête, j’essaie de trouver le lieu idéal pour planter le décor. Je fais donc une sorte de casting du lieu où pourrait se dérouler le roman. Par exemple pour mon nouveau livre qui est sorti le 2 mars, Trois vies par semaine, il se passe en partie dans les Ardennes, vers Charleville-Mézières, et en partie en Lozère. J’avais déjà mon histoire en tête et progressivement, en cherchant différents thèmes, ces lieux se sont imposés à moi. Même si ma Normandie natale est souvent présente dans mes histoires, j’essaie de ne jamais être complètement deux fois dans le même lieu. Vous avez écrit deux romans qui se déroulent en outre-mer, avez-vous d’autres projets du genre ? Beaucoup de mes romans permettent de voyager. J’ai dû rêver trop fort, paru en 2019, suit par exemple le parcours d’une hôtesse de l’air. On voyage en Indonésie et au Canada. J’adore mettre mes personnages dans des lieux précis, décrits, où le lecteur va vraiment être en immersion dans un territoire, comme pour Trois vies par semaine, mais j’aime aussi le voyage, aller très vite d’un lieu à l’autre et donner cette impression qu’on voyage depuis son canapé. J’utilise l’espace et la géographie dans toutes leurs formes. Comme lorsqu’on est sur une carte et qu’on a envie de s’arrêter dans un lieu. Les lieux sont-ils des personnages à part entière de vos histoires ? Oui, complètement. Les lieux sont des personnages, mais c’est surtout l’idée de l’immersion qui me plaît. Le fantasme ultime de la littérature, pour moi, c’est quelqu’un qui lit un livre pendant sa demi-heure de trajet en RER et qui a la sensation d’être aux îles Marquises en oubliant tout le reste. Qu’il ressente la chaleur tropicale, la pluie équatoriale, voie les couleurs turquoise… C’est la magie de la littérature. Et vous allez sur place pour décrire tous ces lieux ? Oui, j’ai eu la chance d’aller à La Réunion pour Ne lâche pas ma main, et aux Marquises pour Au soleil redouté. Ça aurait été très compliqué de les décrire sans les avoir visités. Généralement, j’essaie de me déplacer sur les lieux que j’envisage dans mes livres, sauf lorsqu’ils sont vite énoncés et qu’ils sont très nombreux comme dans Nouvelle Babel. Avez-vous déjà pensé à planter le décor en Nouvelle Calédonie ? Ce cadre pourrait-il vous inspirer une autre histoire ? Je ne connais pas du tout la Nouvelle-Calédonie, il faudrait donc d’abord que je m’y rende. Mais ce pourrait en effet être le décor d’un futur roman puisque cela fait partie des lieux attachants avec une histoire très forte. C’est un territoire pour lequel il faut faire des recherches et aller sur place pour ne pas arriver comme un imposteur qui va mettre les pieds dans le plat et qui n’aura rien compris à la dimension historique et politique. Mais c’est typiquement un territoire qui me fascine. En tant que professeur de géographie, je l’ai beaucoup étudiée de loin. Donc pourquoi pas, cela peut me donner des idées de roman ! Trois vies par semaine est un nouveau polar. C’est un genre que vous affectionnez particulièrement ? Ce que j’aime, c’est le suspense. Ce sont des récits où le lecteur est entraîné dans une énigme et a besoin de connaître la fin. C’est ma façon de raconter les histoires : maintenir un suspense, une tension, une dramaturgie. Ensuite, Trois vies par semaine est en effet dans ma veine principale puisqu’on part d’un meurtre et d’une enquête policière. ais on a aussi trois histoires d’amour qui se croisent, trois femmes fortes qui vont enquêter sur la disparition de leur mari avec un mystère à résoudre puisque tout laisse penser que c’est le même homme alors que ça ne peut pas être le cas. Et puis il y a un fond historique qui va rattraper les personnages et soulever des secrets de famille. J’espère vraiment que ça va plaire au lecteur. On me dit souvent qu’un des éléments de mes romans, ce sont les twists, c’est-à-dire le retournement final, et en effet c’est le cas ici ! Vous avez publié dixhuit romans mais aussi des contes pour enfants en à peine onze ans. Comment faitesvous pour être aussi prolifique ? J’ai aujourd’hui la possibilité assez incroyable de faire vivre certains de mes rêves comme une saga pour ado, une bande dessinée ou une série télé parce qu’on me fait confiance. Ensuite c’est la nature même de la créativité. J’adore inventer des histoires et surtout des histoires que j’espère originales. Ne pas me cantonner dans un seul genre. Par exemple, mon avant-dernier roman, Nouvelle Babel, se déroulait en 2097 dans un monde de science-fiction. Je suis un peu comme un spectateur qui a envie de découvrir des romans, des séries et des films différents. Il ne veut pas suivre des intrigues situées toujours dans le même univers. Je pense qu’en France, on a peut-être un peu de mal avec ça. n est davantage sur l’idée qu’un auteur doit avant tout être un écrivain qui fait toujours le même genre. Et c’est bien dommage. Même si on retrouve forcément une certaine patte, j’aime diversifier les styles.
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