PROTECTION DE MARCHÉ
2023-03-18T07:00:00.0000000Z
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Les Nouvelles Caledoniennes

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ECONOMIE
polos brodés, paréos, casquettes, claquettes, tasses… Héritage Kanak mise sur la diversité des supports pour s’en sortir. Lionel Trilles de Crazy Brothers ou Aure Bessiere de Rauze sont, eux, obligés de travailler à côté de leur ligne de vêtement. Comme Marilyne qui a lancé sa gamme de robes mission à la fin des années 80, comme Nelly et Bépoin, les soeurs qui avaient besoin de vêtements qui leur correspondent, Lionel Trilles a créé Crazy Brothers pour combler un manque. « J’adore la sape, et en Calédonie, pour les mecs, il n’y a rien. Au départ, j’ai fait des casquettes, dans un esprit vintage et décalé. Il y a 20 ans, le Calédonien mettait un t-shirt de supermarché et il s’en fichait, maintenant, il veut de la qualité. » T-shirts, casquettes donc, mais aussi joggings, pulls à capuche et bonnets en laine. « Je me fais démonter sur les bonnets ! » s’amuse Lionel Trilles. Ici, pas de raie manta en motifs polynésiens, mais une identité sociale. Pour ce professeur de tennis, ce qui confirme sa marque, « c’est la qualité, l’originalité. Je fais des petits volumes parce que je n’aime pas avoir le même t-shirt que les autres. » En termes de modèles uniques et d’originalité, Aure Bessiere se pose là. La jeune femme a créé Rauze, une marque de maillots et de lycra. Elle dessine ses propres motifs qu’elle fait imprimer en Australie sur des tissus en plastique recyclé, puis imagine les modèles qu’elle coud elle-même. Chaque maillot est ainsi unique. Aure aussi a lancé Rauze pour combler un manque. Alors qu’elle suit des études de mode à Lyon, elle regarde un documentaire sur la mode qui dénonce l’extrême pollution de cette industrie. « Je me suis demandé ce que je faisais là, sourit Aure Bessiere. Lorsque je suis rentrée, je voulais faire quelque chose d’utile, qu’il n’y avait pas en Nouvelle-Calédonie. Il n’y avait que de grosses industries internationales bien implantées qui produisent on ne sait pas où, on ne sait pas comment. Il fallait faire du local, savoir par qui c’est fabriqué. » La jeune femme se lance, fabriquant elle-même ses modèles sur sa machine à coudre. « Ta marque, elle te représente beaucoup, donc mes maillots me représentent. J’aime ce qui est confortable et utile. » IMPORTÉ OU FAIT LOCAL La difficulté sur le Caillou, c’est évidemment qu’il n’y a pas d’usine de textile. Il faut donc trouver d’autres moyens de créer ses vêtements. Ainsi, Marilyne Le Beuze importe des tissus unis en coton ou en rayonne de Thaïlande, puis les imprime en sérigraphie dans ses ateliers. « On est semi-industriel. Mais ça reste très artisanal, » raconte la dame qui, il y a près de 20 ans, a conçu sa propre machine pour faire sécher ses paréos. Puis ce sont des ateliers de couture qui réalisent les modèles. Marilyne travaille avec un graphiste. Son équipe se réunit régulièrement pour définir chaque année plusieurs nouveaux motifs et nouveaux modèles. Certains patrons sont compliqués à réaliser, « alors on importe le vêtement déjà cousu et on imprime nos motifs dessus. » Aure Bessiere dessine ses propres tissus, les fait fabriquer en Australie puis coud ses modèles chez elle. TeePrint importe des vêtements tout fait, neutres, et les brode ou les imprime, les personnalise. « En Nouvelle-Calédonie, on peut réaliser de l’impression, de la broderie et de la sérigraphie… Par exemple, la sublimation, personne ne fait ça, » explique Romain Vassilev. On trouve également des techniques de transfert et de flocage. Héritage Kanak passe par une société locale pour imprimer ses vêtements. Quant à Crazy Brothers, « je fais les designs, et c’est réalisé en France, en -coton bio. » Une loi du pays protège l’industrie textile des importations. Les t-shirts se rapportant à la Nouvelle-Calédonie doivent être imprimés localement par les industriels du secteur. Malgré tout, chacun trouve les techniques qui lui conviennent, tout cela pour toujours obtenir un produit qui lui correspond au mieux. Qui répond exactement à ses besoins identitaires.
fr-nc