« Ma zone de confort, c’est l’aventure »

PROPOS RECUEILLIS PAR FRÉDÉRIQUE DE JODE

2023-03-18T07:00:00.0000000Z

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Les Nouvelles Caledoniennes

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PORTRAIT

Multi-championne de France, championne d’Europe et vice-championne du monde de windsurf, pionnière du stand-up paddle yoga en France, Sarah Hébert a sillonné les mers du globe pendant cinq ans, avant de revenir sur son Caillou, il y a quelques mois. Retour sur ce voyage au long cours. Qu’est-ce qui a motivé votre retour et votre installation en NouvelleCalédonie ? C’est l’amour du Caillou, je suis Calédonienne. Je suis contente de revenir chez moi, cela fait 20 ans que je suis en balade. J’ai quitté la Calédonie dès que j’ai eu le bac pour ma carrière sportive. En 2017, nous sommes partis, mon compagnon et moi, en voyage en voilier. Au bout de cinq années à voguer, notre but était de revenir nous installer en Calédonie. Quelles ont été vos impressions ? Il y a quelque chose de fort et d’intense qui me relie à mon pays et que je sens dans mes tripes. J’ai beaucoup voyagé, découvert des endroits magnifiques mais la Calédonie est dans mon coeur. C’est aussi un peu particulier de revenir sur le lieu de mon enfance et de mon adolescence, il y a un peu cette impression de revenir à la case départ mais avec l’envie de participer à l’avenir de mon pays dans un esprit citoyen. Vous avez passé cinq ans sur un voilier à explorer les plus beaux spots de glisse, pourquoi cette envie ? C’est lié au fait d’être maman. Pour moi, avoir un enfant, c’était un peu le début de la fin, on s’installe dans un quotidien qui peut nous engluer. Je ne voulais pas élever un enfant sur terre parce que je n’aime pas les choses normales, j’aime les choses extraordinaires. Ma zone de confort, c’est l’aventure en fait. Nous avons donc décidé en de quitter la Bretagne avec notre fils, Naël, âgé de quatre mois, à la découverte des spots de glisse. Comme j’ai eu la chance de vivre sur un voilier dès mon enfance, je sais à quel point c’est magique de faire grandir ses enfants sur un bateau. Quel était votre quotidien ? Lors des grandes navigations, le rythme se ralentit. On fait tout pour que la navigation se passe sans encombres. Et puis, au mouillage, c’est plus fun ! Ou pas ! Surtout lorsque l’on a beaucoup de choses à réparer sur le bateau. C’est essentiel d’entretenir son embarcation, c’est souvent une chose sous-estimée. Toute une logistique se met en place pour se réapprovisionner en eau, en vivres. Mais on profite aussi de se baigner, de faire du PMT avec les enfants, des acti Ivités de glisse également, planche à voile, kite, surf. Il y avait aussi des journées consacrées aux vidéos. Tous les quinze jours, nous faisions une vidéo sur notre voyage, dans laquelle il y avait des images de stand- up paddle yoga, discipline dont je suis la pionnière en France. Quel est le spot qui vous a le plus transportée ? On s’est arrêté dans une trentaine de spots en cinq ans. J’ai beaucoup aimé le Brésil pour la richesse de sa culture et le partage. Par exemple, à Tibau do Sul, nous avons rencontré une communauté de pêcheurs. Il y a d’autres endroits extraordinaires comme Barbuda aux Caraïbes, le Costa Rica, la Polynésie avec les Tuamotu. Le voyage, ce n’est pas que la découverte de magnifiques paysages, c’est avant tout les rencontres, le fait de partager un moment le quotidien de personnes qui ont une culture différente. Ce sont des instants de vie inoubliables et d’une grande richesse. Votre meilleur et pire souvenir ? Le plus beau, c’est la naissance de ma fille Mia à Bonaire au Venezuela car c’est particulier et magnifique d’accueillir un enfant à l’autre bout du monde. Le pire, c’est aux îles Gambier en Polynésie où à cause d’un coup de vent qui a fait déraper l’ancre, notre bateau a failli s’échouer sur le récif. L’aventure aurait pu se terminer là. Comment avez-vous fait sur un plan financier ? On a économisé pour avoir assez d’argent pendant trois ans. On dépense peu en bateau. Vivre à terre, c’est très cher, on s’en rend compte ici. Il nous fallait 100 000 F par mois pour nous quatre. nsuite, on s’est arrêté en Polynésie pendant deux ans pour regagner de l’argent, tout en profitant à fond. Aurélien, mon compagnon, travaillait avec la Fédération polynésienne de voile. Et moi, j’ai animé essentiellement des formations en ligne, l’une pour le stand-up paddle yoga pour laquelle j’ai créé des cours, des tutoriels, formant ainsi plus de 85 professeurs, l’autre pour aider les couples et les familles qui souhaitent voyager en voilier. Nous avions aussi la mission de faire des photos pour nos sponsors et la communauté de glisse. Quels sont vos projets ? Je propose toujours des formations de stand-up paddle yoga, des cours de yoga également. En parallèle, je suis journaliste reporteur d’images et je réalise des émissions. J’ai fait des propositions à différentes chaînes ici. J’ai déjà été missionnée, que ce soit pour réaliser une émission ou présenter une émission. Ce qui me passionne c’est l’environnement et les activités de pleine nature, les sports de glisse. J’anime aussi depuis deux ans le podcast Oleti qui parle des femmes et de l’océan. J’aimerais participer aux qualifications des Jeux du Pacifique aux îles Salomon, discipline planche à voile. J’aime les défis sportifs pour l’esprit d’équipe. Fini le voyage en voilier alors ? Le voyage est terminé pour le moment. On avait envie de se poser et de profiter de notre famille, du Caillou, de scolariser nos enfants. Mais il y aura un jour un troisième voyage en voilier.

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