En vain, mais pas pour rien

PAR OLIVIER POISSON Rédacteur en chef

2023-03-18T07:00:00.0000000Z

2023-03-18T07:00:00.0000000Z

Les Nouvelles Caledoniennes

https://lesnouvellescaledoniennes.pressreader.com/article/281500755482469

ÉDITO

Ce onzième numéro de LNC Le Mag sera donc le dernier. À peine lancé, il disparaît. Avec lui une certaine vision de l’information. La sortie de ce magazine n’était pas une ultime tentative, un peu désespérée, de nous réinventer. Elle découlait plutôt d’une certitude, que les journalistes, souvent pris dans le rythme effréné de l’actualité, ont parfois besoin de se poser, d’aller plus en profondeur, de se pencher sur la société qui les entoure sans y être poussés par l’actualité. Et quel meilleur moment que celui où le pays doit s’inventer un avenir pour le faire. L’exemple du dossier de cette semaine est particulièrement pertinent : la prison et la réinsertion. Les réseaux sociaux sont sur le sujet le déversoir de toutes les peurs, les rancoeurs et parfois les haines. Si ce n’est pas notre rôle de juger, nous avons celui d’aller voir la réalité en face, et ceux qui la vivent. On apprend tout au long de ce reportage qu’un pays qui ne se donne pas les moyens de réinsérer n’aura au final plus qu’à déplorer son insécurité. Des sujets de société, nous en avions encore une multitude à vous proposer. Persuadés que nous étions que vous finiriez par nous remercier de prendre le temps de nous arrêter sur vous-mêmes, sur nous-mêmes, afin de mieux avancer. Malheureusement, c’est justement de temps dont nous avons manqué et bon nombre de Calédoniens n’ont pas encore eu Le Mag entre les mains, n’ont pas pu se faire une idée. Ni nous encourager, ni nous sanctionner. Aujourd’hui, Les Nouvelles Calédoniennes ont été officiellement « liquidées ». Mais les équipes ont voulu, sans y être obligées, sortir ce dernier numéro. Il est certes un peu moins ordonné que d’habitude, mais il contient tous les sujets qui restaient dans nos placards. Parce qu’il n’était pas question pour les journalistes de laisser ceux qui ont pris le temps de nous répondre, de se livrer, avec le sentiment de l’avoir fait pour rien. Ceux qui ont oeuvré pour ce magazine éphémère peuvent quitter nos locaux la tête haute, car jusqu’au bout ils auront défendu leurs convictions et ils se seront battus pour la qualité de l’information. Ce magazine n’est pas mort-né, il nous a inspirés.

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