Les cheveux Symbolisme et pouvoir

Reflets de la féminité, les cheveux ont de tout temps été considérés comme un atout de séduction et de sensualité. Au-delà de leur intérêt esthétique, ils balaient les diktats et sont le symbole de la lu•e contre toutes les formes de discrimination. La ré

Depuis la nuit des temps, les cheveux des femmes ont été loués pour leur pouvoir érotique. Une dimension charnelle qui touche toutes les cultures et les époques. Reflet de la féminité, une chevelure démesurée fait tourner la tête et possède un grand pouvoir de séduction. Chez tous les peuples anciens, les cheveux ont été l’objet d’un culte. Homère, Hésiode, la Bible, les Védas indiens, les poèmes islandais, les chants celtiques font l’éloge de la beauté des cheveux. Dans la mythologie grecque, les chevelures luxuriantes de nombreuses déesses sont décrites avec ferveur : Aphrodite qui enveloppait sa nudité dans sa longue chevelure blonde, Vénus qui faisait sa toilee entourée de grâces mais s’occupait elle-même de ses cheveux, Ariane dont la belle chevelure floant au vent contribua probablement à la passion qui s›empara de Bacchus. Cachez ces cheveux ! Toutefois, selon les époques et les religions, les cheveux trop volumineux sont, soit mis en avant, soit cachés, en raison de leurs pouvoirs sensuels et érotiques qui stimulent le désir auprès de la gent masculine. C’est pourquoi, ils doivent être jalousement tenus à l’abri des regards et couverts par un voile pour des raisons religieuses ou culturelles. Le hijab des femmes musulmanes par exemple. Parlons aussi de la chevelure des hommes, synonyme de puissance. Dans la Bible, le récit de la trahison de Dalila à l’encontre de Samson est édifiante. Consacré à Dieu dès sa naissance, il ne se coupait jamais les cheveux, ainsi que le voulait cee coutume. Il fut ainsi capable de nombreux exploits. Notamment celui de briser un lion à mains nues et de libérer son peuple opprimé par les Philistins. À la demande de ces derniers, Dalila, la compagne de Samson, découvrit son secret. Elle lui coupa les cheveux durant son sommeil, le livra aux Philistins. Ils profitèrent alors de la vulnérabilité de Samson pour le réduire en esclavage. Insoumission, rébellion, émancipation Au-delà de leur atout séduction, les cheveux se sont érigés en symbole de rébellion, voire d’insoumission, quelles qu’en soient les raisons… C’est même un geste récurrent, entrepris pour luer contre les inégalités, les injonctions, contre toutes formes de discrimination et de violences. Au début du XXe siècle, les femmes s’émancipent de leurs longs cheveux, des diktats de la société et revendiquent l’égalité des sexes. Ce sont les années folles qui ont suivi la guerre de 14-18, une guerre dans laquelle les femmes ont dû prendre les postes des hommes, découvrant une liberté nouvelle. C’est l’écrivaine Colee qui décide de couper sa nae. Naît ensuite le phénomène « garçonne », caractérisé par une silhouee androgyne et des cheveux courts. Aux États-Unis, dans les années 1960 et 1970, la coupe afro est popularisée par de nombreuses activistes, dont Angela Davis et Nina Simone, lui conférant une symbolique culturelle, politique, un signe d’émancipation. Un mouvement qui perdure aujourd’hui, à travers diœérents noms dont le en raison de la persistance des discriminations et préjugés liés aux cheveux des femmes, hommes, et enfants noirs.