Carreleur Un métier d’équerre
2023-03-13T07:00:00.0000000Z
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Les Nouvelles Caledoniennes

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Construction
«Un jour, à Sydney, j’ai vu le chantier d’un hôtel. Ils posaient des carreaux de 7 m de long sur 1 m de large avec des robots. J’aurais pu passer la journée entière à les regarder. » Giuseppe Ravizzone est carreleur depuis vingt-cinq ans. Et sa passion pour son métier ne s’estompe pas. Cela fait même un peu plus de vingt-cinq ans parce qu’à l’âge de 5 ans, « je posais des cure-dents entre les carreaux pour aider mon père. Il était maçon carreleur », se souvient l’artisan de 55 ans. Obligé d’aider son père italien sur les chantiers, il se jure de ne pas faire ce métier. Il étudie « dans le tertiaire », puis quitte la France où il est né et où il a grandi pour l’italie. « J’ai commencé dans le carrelage là-bas. » Rattrapé par son éducation, le voilà carreleur comme papa. Il travaille aux côtés d’un marbrier apprécié des architectes italiens, avec lequel il apprend à poser de grands formats de plaques de marbre. Il participe à de fameux chantiers comme le Parlement européen à Bruxelles ou « la maison d’un acteur sur les hauteurs de Côme dans le nord de l’italie. On n’a jamais su qui était l ’acteur… » En 2007, accompagné de sa famille, il débarque sur les côtes calédoniennes. Muni de son savoir-faire, il monte RG Carrelage. Il ne tarde pas à travailler avec des architectes et architectes d’intérieur locaux sur des chantiers de qualité. « J’ai posé les premiers carreaux 3 D de Nouméa ! » sourit-il, catogan et chemise ouverte, en montrant les photos de son chantier. Il ne semble jamais se lasser des nouvelles technologies, des évolutions dans le monde du carrelage. En 2013, il part pour un long voyage, et retourne en Italie. « J’ai visité l’usine d’imola par hasard, avec un ami carreleur. J’ai été impressionné par la quantité de carrelage stockée. Tout était déjà vendu ! » De quoi lui confirmer que son métier a de beaux jours devant lui. UN MÉTIER EN CONSTANTE ÉVOLUTION Même si Giuseppe a appris la pose du carrelage avec son père, à l’ancienne, il s’adapte aux changements du métier et des matériaux. « Le carreleur doit se mettre à jour, aussi bien en informatique qu’au niveau des matériaux qui sortent. Quand il y a un nouveau produit, je n’hésite pas à l’essayer, deux fois s’il le faut. » Il apprend à maîtriser les colles qui évoluent. Il troque les croisillons, qui contribuent à maintenir la même distance de séparation entre les carreaux, pour des cales autonivelantes, qui permettent d’uniformiser la taille du joint mais aussi la hauteur des carreaux. Il se forme à la pose de carreaux de très grande taille, lui qui avait déjà l’expérience des plaques de marbre. « Avant, quand on posait du 45x45, c’était waouh ! On le posait chez des gens aisés. Maintenant, c’est du 60x60 pour tout le monde. Ce sont des effets de mode. » Une mode qu’il faut suivre si on ne veut pas rester sur le bord de la route. Il apprend à utiliser des joints colorés qui se marient aux différents tons de grès cérame. « Il existe même des joints pailletés ! s’étonne Giuseppe. Je ne conseille pas de mettre du joint coloré dans une salle de bains, la couleur finit par passer. » BONNE ENTENTE SUR LES CHANTIERS La vie ne lui a pas fait de cadeaux et son corps, à 55 ans, est marqué par les accidents. Accidents de la route, mais aussi de travail. Carreleur est un métier rude, mais Giuseppe tient le cap. « C’est physique. Il y a le poids du carreau et tu travailles toujours à genoux. » Quand on sait qu’un carton de deux carreaux de format 60x60 peut peser entre 34 et 37 kg, on comprend mieux. Mais c’est aussi un métier « où il faut être minutieux. Moi, je suis méthodique. Il faut y aller piano piano, ne pas porter deux sacs de colle en même temps… » L’entraide et la camaraderie sur les chantiers sont importantes. Giuseppe travaille essentiellement avec son collègue Roberto Urbani, « je ne prends pas de sous-traitants », et la majeure partie du temps avec des architectes ou des sociétés de rénovation. Il retrouve sur les chantiers les mêmes artisans. « On a des groupes de messagerie dans lesquels on s’envoie des photos des chantiers. On peut se poser des questions sur l’évolution du chantier, sur les reprises. » Travailler en bonne intelligence avec les corps de métier semble essentiel pour Giuseppe Ravizzone qui apprécie les chantiers propres, ordonnés, où chacun se respecte. Entre professionnels du carrelage aussi, la bonne entente est de mise. « On se voit, de temps en temps dans l’année, avec d’autres carreleurs. On mange ensemble, on discute des matériaux, des chantiers, des formations, on se tient au courant. » RESPECT DES RÈGLES Si la rigueur et la propreté sont élémentaires pour Giuseppe, c’est parce qu’il est respectueux de ses propres travaux. « Quand je réalise quelque chose chez un client, je ne dois pas y retourner. S’il y a un problème d’étanchéité, c’est honteux pour un carreleur », explique-t-il en visitant une belle salle de bains à Nouméa. « Je ne fais pas de pub. Mon boulot fini, c’est ça ma pub », affirme le carreleur. « Je pose tous les carreaux, toutes les formes, de la façon souhaitée par le client, à partir du moment où on me laisse respecter les normes et les règles de pose. Un joint d’étanchéité tous les 7 m, un joint de dilatation tous les 10 m… » Et si les clients hésitent, ne savent pas vers quel modèle de carreaux se tourner, « je les invite à les choisir avec moi, je peux les conseiller sur les formats par exemple ». Du choix des carreaux jusqu’à la finition parfaite, Giuseppe Ravizzone aime le carrelage, de A à Z.
fr-nc