Édito

Le futur, c’est maintenant

Jean-marie Chatelain Jouons le jeu. Pendant un repas, on dit à nos amis les plus proches que leurs suspicions à l’égard de la fée électricité ne sont que des idées reçues, bien pardonnables cependant pour des Petrol Heads qui ont grandi dans l’odeur de l’essence et le ronronnement du moteur à explosion, dans l’amour des carrosseries de haute couture et dans la crasse magnifique du bac à vidange. Commençons par dire qu’à l’heure où les constructeurs limitent leur moyenne d’émission de CO2 à 95 grammes par kilomètre, le modèle zéro émission est objectivement le meilleur. Précisons ensuite que les batteries ne sont pas composées de « terres rares » dont l’extraction est effectivement polluante. Le lithium, par exemple, ne nécessite aucun produit chimique pour être extrait. C’est le procédé de l’évaporation par l’eau qui est utilisé. Quant au bilan carbone du rechargement des batteries électriques ? Au niveau mondial, on estime à 28 % la part de ressources renouvelables dans la génération d’électricité. En Europe, cette proportion est de 41 % en 2021, 61 % en y ajoutant le nucléaire. Elle culmine à 91 % en France. Si on admet que la production d’électricité, tous pays confondus, induit une production indirecte de 82 grammes de CO2 émis par kilomètre parcouru, le chiffre s’établit à 6,5 grammes de CO2 émis par kilomètre parcouru en voiture électrique rechargée avec de l’électricité produite en France ! À comparer avec les 107 grammes pour le Diesel et 109 grammes pour l’essence… Oui, mais la dette carbone alors ? Les études prouvent que même dans un pays avec un mauvais mix énergétique, la voiture électrique reste moins polluante en termes de CO2 que son équivalent thermique. Dans le cas de figure moyen en Europe, il faudrait moins de 25 000 kilomètres parcourus pour que le véhicule électrique soit considéré comme moins émetteur de CO2 qu’une motorisation à hydrocarbure. Abordons maintenant la question du recyclage des batteries : 95 % des métaux qui les constituent peuvent être réutilisés indéfiniment. Parmi les 5 % restants figure le lithium, qui représente environ 4 % du poids de la cellule. Son recyclage reste possible mais est très onéreux, et les entreprises spécialisées préfèrent habituellement le mettre de côté. Mais avec la forte hausse de son coût à l’achat, son traitement va forcément se généraliser et on tendra vers une gestion 100 % vertueuse. Le repas entre amis se termine. Les lignes ont bougé. On est resté sobre pour l’entrée et le plat de résistance, on peut se lâcher sur le dessert. Et si on prenait un truc bien riche, le genre de truc qui fait du mal parce qu’il fait trop du bien ? Vous nous mettrez une tournée de V-twins au coulis Dragon Fly, et s’il reste de la place, on finira par quelques mignardises marines. Sans vous commander. Bon, je dois vous laisser : la nouvelle émission vidéo du magazine AMB commence sur les réseaux sociaux ! De l’actu, des présentations de nouveautés, des portraits de collectionneurs, des expériences décalées et une minute consacrée à la sécurité. Parce que les plaisirs mécaniques, faut aussi que ça bouge et que ça s’entende !